Danger (?) du vapotage

« J’ai tout arrêté », « Aujourd’hui, je suis libéré »

Pour beaucoup de fumeurs invétérés, la vape est une porte de sortie du tabac efficace. C’est le cas de Nadia, accro à la cigarette pendant trente ans. « Quand j’étais à court de cigarettes, je fumais les mégots dans les cendriers », confesse-t-elle. A chacune de ses deux grossesses, celle qui se définit comme « une très grosse fumeuse » est parvenue à arrêter de fumer, pour mieux reprendre dès la naissance de ses enfants. « La cigarette électronique a été mon miracle, c’est exactement ce qu’il me fallait. J’ai réduit petit à petit le taux de nicotine de mes liquides. Et un jour, j’ai oublié de vapoter ».

« C’est vraiment addictif », « c’est comme une tétine »

Mais parfois, la vape devient addictive et dure des années, là où elle ne devait être qu’une étape transitoire. « J’ai arrêté de fumer grâce à la cigarette électronique il y a six ans, et depuis, je n’ai pas cessé de vapoter, je suis toujours accro, confie Lydie. C’est tellement simple : à l’hôtel, au bar, au bureau, à la maison, on peut vapoter partout, tout le temps ! » Idem pour Eliza, qui a troqué en 2017 sa cartouche hebdomadaire contre une vapoteuse. « Je n’arrive pas à m’arrêter, c’est comme une tétine », déplore-t-elle. Mais pour le Dr Adler, « la durée de vapotage n’a pas d’importance. Ce qui compte c’est l’arrêt définitif du tabac. Si on substitue le tabac par un produit nicotinique comme la vape, c’est déjà bien », estime la tabacologue.

Gare à la consommation mixte

Le risque, « si on n’est pas accompagné médicalement, est de rechuter dans le tabac, d’entretenir une consommation mixte entre vape et cigarette classique ». Car « il n’y a pas tant de fumeurs qui parviennent à arrêter le tabac grâce à la cigarette électronique, estime le Pr Yves Martinet, cancérologue et pneumologue au CHRU de Nancy, et président du Comité national contre le tabagisme. Beaucoup vapotent tout en continuant à fumer quelques cigarettes par jour, en se disant que c’est déjà mieux pour leur santé ».

« Tout est fait pour entretenir leur consommation »

Aleksandra, elle, a réussi à arrêter « la vraie cigarette il y a six ans. Mais j’ai progressivement augmenté ma dose de nicotine, pour ressentir ce  » hit  » que l’on ressent dans la gorge. Aujourd’hui, je vapote davantage que je ne fumais. Et il y a tellement de choix d’arômes que vapoter est presque devenu un atelier de dégustation. J’ai remplacé une drogue par une autre », déplore la jeune femme, qui n’envisage pas d’arrêter la vape pour autant. « Le vapotage maintient dans la dépendance à la nicotine, analyse le Pr Martinet. C’est d’ailleurs l’objectif des industriels du secteur de la vape : que les vapoteurs continuent d’acheter e-cigarettes et e-liquides. »