L’e-cigarette, outil supplémentaire de lutte antitabac ?

Alors que les autorités sanitaires américaines envisagent de réduire le taux de nicotine dans les cigarettes, une étude montre un lien entre émergence de la cigarette électronique et baisse du nombre de fumeurs de tabac.

Le nombre de vapoteurs augmente, et celui des fumeurs de tabac diminue. C’est ce que montre une étude publiée dans le British Medical Journal, dans laquelle les chercheurs assurent que ces deux tendances sont liées.

Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques de l’Université de Californie ont analysé les données d’un grand sondage américain, relatif à l’usage de la cigarette, mené par le National cancer institute. Plus de 160.000 adultes américains étaient impliqués dans cette étude entre 2014 et 2015, dont 22.000 fumeurs et 2.100 ayant récemment arrêté la cigarette.

Davantage de tentatives d’arrêt

Parmi les fumeurs qui utilisaient l’e-cigarette, 65% avaient déjà tenté arrêter de fumer – c’est-à-dire avaient passé au moins 24h sans fumer-, contre seulement 40% chez les fumeurs.

«Cet outil permet, entre autres, de multiplier les tentatives d’arrêt de la cigarette car il renforce le sentiment d’efficacité personnelle. Grâce à une vapoteuse, l’individu va pouvoir stopper la cigarette durant de courtes périodes et ainsi réduire sa consommation. Cela va renforcer l’idée chez lui qu’il peut réussir à arrêter de fumer», affirme Nicolas Bonnet, pharmacien spécialisé en santé publique, addictologue et directeur du Réseau des établissements de santé pour la prévention des addictions RESPADD.

350.000 arrêts supplémentaires

En comparant avec des études précédentes et similaires (2000-1, 2003, 2006-7 et 2010-11), où la question de l’e-cigarette n’était pas abordée, les chercheurs ont également constaté que le taux global d’arrêt avait augmenté.

Alors qu’en 2010-2011, 4,5% des fumeurs avaient réussi à arrêter la cigarette, en 2014-15, le pourcentage s’élevait à 5,6%. Cela représente environ 350.000 Américains supplémentaires qui déclarent avoir arrêté de fumer, notent les chercheurs. Et ce sont les vapoteurs qui tirent ce chiffre vers le haut: 8,2% des utilisateurs de cigarette électronique avaient réussi à arrêter le tabac classique, contre 4,5% chez ceux qui ne l’utilisaient pas.

«Ces résultats ne me surprennent pas: en France, en 2012-2013, lorsqu’il y a eu une explosion des ventes de cigarettes électroniques, il y a eu en parallèle une baisse de celles des cigarettes classiques. De nombreux patients arrêtent grâce à l’e-cigarette», affirme le Dr Paul Vanderkam, chef de clinique en médecine générale à l’Université de Poitiers et chercheur en addictologie.

Un appui aux politiques publiques

Les chercheurs admettent cependant que la cigarette électronique n’est pas la seule responsable de la baisse du nombre de fumeurs. Les États-Unis ont en effet augmenté leur taxe sur le tabac dès 2009. De même, depuis 2012, des campagnes annuelles sont menées dans le pays pour sensibiliser la population aux dangers du tabac. Mais la cigarette électronique vient, selon les chercheurs, en appui à ces politiques publiques.

En France, selon la première enquete sur la cigarette électronique menée en 2013 par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, 1% des Français estimaient avoir arrêté complètement de fumer grâce à une vapoteuse et la moitié des utilisateurs avait pour objectif un sevrage total