« Quand on est alcoolique, c’est abstinence à vie »

Tous les mercredis, en semaine paire, l’association Revivre organise une réunion anonyme, ouverte aussi bien aux victimes de la dépendance à l’alcool, qu’à l’entourage.

Témoignages

Autour de la table, ils ne sont que cinq. « Nous n’avons pas de nouveaux aujourd’hui, regrette Christian. La discussion est différente avec du sang neuf. » Cet ancien malade aime partager son expérience. Depuis ses 19 ans, il a arrêté l’alcool. « J’ai commencé à 14ans. J’aurais pu y passer. J’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes. »

42 ans d’abstinence plus tard, il est toujours présent pour soutenir les malades. « Il nous en faut tout le temps, explique René. C’est mon fils qui a mis un coup de poing sur la table pour que j’arrête. Ça m’a fait un déclic et je suis parti en cure. »

« Il y a toujours de la vigilance »

La dépendance à l’alcool, c’est à vie. Ils en ont conscience. « J’espère que ça ne m’arrivera pas, la rechute, lance Stéphane. Ce n’est jamais terminé. Il y a toujours de la vigilance. »

Le groupe explique que dans le centre de Luçon, il a été observé « 90 % de rechute au bout d’un an ». Pour Stéphane, le discours des centres de cure est un vrai problème. « Selon les consignes de l’OMS [Organisation mondiale de la Santé], il faut boire, au maximum, deux verres par jour pour les femmes, trois pour les hommes, quatre les jours de fête et s’imposer un jour sans alcool par semaine. C’est la pire chose à faire, lâche-t-il. Quand on est alcoolique, c’est abstinence à vie. Sinon, on reprend l’alcool au stade où on l’a laissé. » Mais, « le discours commence à changer, heureusement. »

Parler sans langue de bois

L’association est présente pour recueillir les patients à la sortie, « pour ne pas qu’ils restent seuls, explique Christian. On devait avoir un nouveau ce soir, mais il a annulé dix minutes avant. Ce n’est pas toujours facile de faire le pas. » Cette réunion est alors une vraie bouffée d’air pour libérer la parole. « Même les anciens ont besoin de parler », tient à préciser Christian.

Tout comme l’entourage qui peut témoigner sans langue de bois pour comprendre la maladie et faire savoir aux dépendants la souffrance qui en découle auprès des proches. « Quand on est en réunion, il n’y a pas de catégorie sociale qui tienne. On a vu des médecins, des cadres mais aussi des ouvriers. L’identité des personnes présentes, et ce qui est dit, restent entre nous. »

Prochaine réunion, mercredi 18 avril, à 20 h, dans la maison de quartier de Chamiraud, 1, rue Amand Bujard. Fontenay le Comte. Tous les mercredis, en semaine paire à la même heure. Ouvert à tous. Renseignements. au 06 79 23 79 61.