Pendant le confinement, la consommation d’alcool a augmenté pour 11% des Français

Les effets du confinement ont été encore plus défavorables aux fumeurs, qui sont plus d’un quart à avoir augmenté leur consommation de tabac.

Par Marine Le Breton

 Entre les apéros virtuels et l’ennui, l’inquiétude s’est fait sentir chez les spécialistes de l’addiction. Ceux-ci craignaient en effet de constater une forte hausse de la consommation d’alcool chez les Français pendant le confinement. Pourtant, selon une enquête de Santé publique France dévoilée ce mercredi 13 mai, seuls 11% des Français déclarent que leur consommation d’alcool a augmenté avec le confinement.

Deux tiers des personnes interrogées (65%) estiment avoir une consommation stable et 24% qu’elle a même diminué. Parmi les individus ayant bu plus d’alcool depuis le 17 mars, la moitié (51%) ont augmenté la fréquence de consommation, un sur dix le nombre de verres bus les jours de consommation.

Les moins de 50 ans, les habitants de villes de plus de 100.000 habitants ou encore les parents d’enfants de moins de 16 ans sont les plus concernés par cette hausse de la consommation d’alcool.

Angoisse et ennui

Climat anxiogène, préoccupations diverses, isolement social… Il faut dire que tous les éléments pouvant déclencher une hausse de la consommation d’alcool semblaient être réunis, comme le soulignait auprès du Télégramme Morgane Guillou, maître de conférences et professeur hospitalier en addictologie à Brest. Parmi ceux-ci, un climat “très anxiogène, nourri d’angoisses de mort, de maladie, auxquel s’ajoutent des préoccupations professionnelles et financières, une rupture du lien social imposée et une restriction des modalités d’avoir du plaisir”.

Le Docteur Bernard Basset, président de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), était aussi de cet avis. “L’angoisse peut mener à des comportements addictifs chez une fraction de la population, mais pas de manière générale”, tempère-t-il, interviewé par Franceinfo. En plus de l’angoisse, il met également en avant l’ennui, surtout pour les personnes seules. “Il y a effectivement le problème du désœuvrement, d’ennui quand on est confiné à son domicile, surtout si on est seul”, explique-t-il, contacté par BFMTV. L’alcool devient ainsi un outil pour lutter contre l’ennui.

Consommation de tabac en hausse

En plus de l’alcool, c’est la consommation de tabac qui préoccupe les spécialistes de la santé. D’autant que les fumeurs sont, selon cette étude de Santé publique France, plus d’un quart (27%) à déclarer que leur consommation a augmenté. Elle est toutefois stable pour 55% des personnes interrogées et elle a même diminué pour près d’un Français sur cinq (19%).

“L’ennui, le manque d’activité, le stress et le plaisir sont les principales raisons mentionnées par les fumeurs ou usagers d’alcool ayant augmenté leur consommation. On note également que l’augmentation aussi bien pour le tabac que pour l’alcool est corrélée au risque d’anxiété et de dépression”, note Viêt Nguyen Thanh, responsable de l’unité addictions à la direction de la
prévention et de la promotion de la santé à Santé publique France.

L’institut rappelle pour conclure que, en cas de besoin, il est toujours possible de recourir à leurs dispositifs d’aide à distance, Tabac Info Service et Alcool Info Service.