Tabagisme: les véritables raisons politiques du paradoxe français

 Non, fumer n’est en rien une fatalité. L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) vient de lever une partie du voile sur les raisons qui font qu’en France, et depuis des décennies, près de 80.000 personnes meurent prématurément chaque année des conséquences de leur tabagisme. Cette hécatombe ne doit rien au hasard. Signée Aurélie Lermenier-Jeannet, l’étude de l’OFDT rappelle et détaille quelques-uns des aspects d’un dossier éminemment politique.

Mieux comprendre le phénomène du tabagisme en France impose, comme le fait l’OFDT, d’élargir le champ de vision de cette addiction toxique de masseOn sait aujourd’hui qu’environ un quart des Européennes et Européens de 15 ans et plus déclarent être fumeurs quotidiens de tabac. Et ce avec des écarts allant de 5% en Suède jusqu’à plus du tiers en Bulgarie. Juste derrière elle, la France (33%) loin devant le Royaume-Uni (16%), la Belgique (17%), l’Allemagne (23%), l’Italie (24%) ou l’Espagne (26%).

Et même si ces pourcentages peuvent être à la marge critiqués, personne ne conteste le constat: la consommation de tabac est nettement plus élevée en France que dans la quasi-totalité des autres pays européens, notamment les pays voisins. La comparaison est encore plus parlante quand on l’élargit aux autres pays occidentaux, et notamment aux pays anglo-saxons. L’étude indique ainsi:

«En 2015, 11% des habitants des États-Unis âgés de 15 ans et plus déclaraient fumer quotidiennement, comme en Islande; c’était le cas de 15 % des Néo-Zélandais. Selon des données plus anciennes, 13% des Australiens et 15% des Canadiens consommaient du tabac chaque jour en 2013. Toutes ces prévalences tabagiques sont nettement moindres que celles enregistrées en France via le Baromètre santé. Par ailleurs, en termes d’évolution, le tabagisme a été en France relativement stable ou en très léger recul sur la période 2000-2015, alors que les autres pays semblent être parvenus à nettement le réduire, avec des baisses allant d’un quart à près de 50% en Islande (-49% entre 2000 et 2013), en Australie (-35%), aux États-Unis et au Canada (-28 % et -34 %), en Nouvelle-Zélande (-38%), en Irlande et au Royaume-Uni (-42% et -26%).»

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