Témoignage Marie-Cécile

Ma vie avait plutôt bien commencée…

Issue d’une famille aimante de sept enfants, sans problème, bonne élève en classe, tous les espoirs de réussite dans la vie étaient permis.

Qui aurait crû, alors que j’allais devenir cette femme alcoolique, montrée du doigt, anéantie par la honte et la culpabilité ? Cette culpabilité d’autant plus forte et terrible que j’avais tout pour être heureuse et vraiment aucune raison, aucune excuse, pour boire ainsi.

Seulement voilà ! Moi, l’alcool, j’en avais besoin !

Au départ, comme ce précieux médicament antidépresseur qui me permettait de me sentir, mieux, tout de suite, lorsque je connaissais des moments d’angoisse et de déprime (toujours restés incompris, bien entendu). Puis, comme destructeur ! Ce produit allait me  permettre de mourir, de débarrasser  le terrain de ceux que je faisais  souffrir. C’est vrai, tout le monde serait probablement plus heureux si la nullité que j’étais, disparaissait : cette maman qui se permettait de se défoncer alors qu’elle attendait un bébé, cette femme, cette soeur, cette fille, ramassée dans le couloir, dans l’escalier ou encore tombée dans la baignoire. Celle qui n’avait aucune volonté, sauf celle de crever ! Tous les bleus qui marquaient mon corps après mes chutes n’étaient que le faible reflet des meurtrissures, des souffrances qui étaient les miennes.

J’ai tout de même essayé de m’en sortir, sans conviction, puisque j’ai effectué cinq cures ou postcures, entrecoupées de quelques quinze séjours en psychiatrie, tout cela échelonné sur une période de cinq longues années. Puis, un jour, la rencontre avec des gens de Vie Libre ; un peu plus tard ce fameux déclic, qui m’a fait choisir la vie plutôt que la mort. Et là, avec l’aide de Daniel, mon mari, qui lui n’avait jamais cessé de m’aimer, de m’aider, qui n’avait jamais accepté l’idée qu’il pouvait me quitter malgré les bons conseils de notre entourage. Avec les amis de Vie Libre et bien sûr avec ma toute nouvelle envie de vivre, j’ai réussi à escalader la paroi du puits dans lequel je m’étais précipitée.

Aujourd’hui, presque six ans après, je ne bois plus depuis le 1er septembre 1996, j’ai repris ma place dans mon travail, dans mon foyer et… je suis responsable d’une section à Vie Libre. Je mène un autre combat, je pense que je me battrai toute ma vie pour changer le regard des gens, pour que chacun comprenne que l’alcoolisme est une maladie, une souffrance intense, que le malade a un énorme besoin d’amour et d’écoute et non pas de coups donnés à force de jugement et de doigts pointés. Mais c’est une maladie dont on peut également se sortir, même si le puits nous paraît bien profond !

Ma force de vivre, c’est le sourire de celui ou celle que je réussis à soulager, à accompagner vers une vie nouvelle, heureuse, sans cette « merde » qui l’emprisonne !!!

 

Marie-Cécile