Dry January : quels sont les bienfaits réels d’un mois sans alcool ?

Envies compulsives, difficultés à se passer d’alcool, consommation fréquente ou en grande quantité… Certains signes ne trompent pas et peuvent suggérer une consommation d’alcool excessive. Le « Dry January » (ou « Janvier sec »), sans alcool, permet faire le point sur ses habitudes et les questionner. 

Ne pas boire d’alcool pendant un mois, ce défi, importé du Royaume-Uni où on le surnomme « Dry January », convainc de plus en plus de Français. La Fédération française de l’addictologie enregistre ainsi une hausse de 30 % des inscriptions aux forums et newsletters sur ce défi par rapport à 2020.

Comme l’explique le professeur Nicolas Franchitto, responsable du service addictologie du CHU de Toulouse, « cette initiative peut être bénéfique à tout le monde, c’est une autoévaluation de sa capacité à ne pas pouvoir boire d’alcool ».

Après le mois de décembre, qui est souvent synonyme d’excès, on peut décider de lever le pied pour voir les effets que cela a sur notre corps et notre esprit », ajoute le professeur Amine Benjamina, président de la fédération française d’addictologie.

Les deux addictologues énumèrent de nombreux bienfaits : perte de poids, amélioration de la tension artérielle, meilleur sommeil, moins de stress ou de troubles d’humeur, mais surtout une prise de conscience.

Introspection

« C’est une sorte d’introspection, de test, et les personnes qui s’y essaient se rendent vite compte si quelque chose ne va pas », résume Nicolas Franchitto. Selon lui, certains signent peuvent mettre la puce à l’oreille : si on n’arrive pas à se passer d’alcool, si on a l’impression de perdre le contrôle sur sa consommation et qu’on a des envies compulsives. « Il arrive aussi parfois que des patients viennent à nous après avoir été alertés par leur famille, amis ou collègues qui leur font remarquer leur consommation d’alcool », explique-t-il.

Ce défi mensuel peut ainsi permettre de faire le point. Mais l’idée n’est pas de le faire de manière coercitive en empêchant toute consommation, chacun peut essayer de le faire à son niveau, en s’entourant de ses proches pour partager l’expérience ensemble ou en annonçant d’emblée que ce mois-ci sera sans alcool.

« L’alcool est partout en France, il rythme notre vie sociale, pour certains, il fait partie du patrimoine, de la culture. Mais il est vrai que le lobby de l’alcool est très fort dans notre pays, il y a une normalisation quasi-systématique de cette substance, tout l’enjeu est de dénormaliser la consommation d’alcool », résume Amine Benyamina. 

Ce qu’abonde Nicolas Franchitto, qui estime que « c’est le monde à l’envers » quand on reproche à quelqu’un de ne pas vouloir boire de l’alcool : « On s’interroge quasiment systématiquement quand, dans la sphère privée ou professionnelle, une personne refuse de boire, et pourtant on ne questionne pas la consommation d’alcool du reste de la population… »

Si vous tentez l’expérience et que des interrogations émergent, n’hésitez pas à consulter un spécialiste ou à consulter le site alcool-info-service.fr.

Dépendance : les signes qui doivent vous alerter

Vous vous demandez si votre consommation d’alcool est excessive ? Voici quelques indications, résumées par le gouvernement, pour évaluer cela.

  • Lorsque vous buvez, vous n’arrivez pas à vous arrêter, vous ne parvenez pas à maîtriser votre consommation.
  • Dernièrement, vous avez augmenté la quantité d’alcool que vous consommez et vous avez l’impression que votre envie de boire est de plus en plus grande.
  • Votre consommation d’alcool modifie votre comportement et vos relations avec vos proches, qui vous ont peut-être fait des remarques à ce sujet. Elle a un impact sur le bon déroulement de votre quotidien

Vous pouvez joindre anonymement l’un des écoutants d’Alcool Info Service par téléphone tous les jours de 8h à 2h au 0 980 980 930 ou par chat. Vous pouvez également partager vos expériences en vous rendant sur le forum de ce site.

Caroline PAIN, La dépèche.fr