Les différentes causes qui peuvent vous rendre ivre accidentellement

homme_ivreBoire au bureau, dans un verre droit, ou une canette colorée, ou encore passer dans un champ magnétique… Une même quantité de boisson ou de drogue peut avoir des effets démultipliés selon les circonstances.

Il faut boire pour être ivre, bien évidemment. Mais parfois, il suffit de peu pour sentir que l’on perd ses moyens, même lorsque l’on est un consommateur averti d’alcool.

Car certains facteurs peuvent amplifier les effets de l’alcool. Il est bien connu que boire l’estomac vide ou après avoir pris certains médicaments peut même s’avérer dangereux. Mais ce n’est pas tout. D’autres facteurs insoupçonnés peuvent jouer un rôle sur notre ébriété.

Shepard Siegel, professeur émérite de psychologie, neuroscience et science de comportement à l’Université McMaster en Ontario, a inventé la notion de « spécificité situationnelle de la tolérance » en 1976. Pour faire simple : le contexte dans lequel on boit une bière influence notre tolérance face à cet alcool. L’analyse de ce contexte peut aider à déterminer les effets ressentis – car lorsque le consommateur s’attend à avoir une certaine réaction physiologique, le corps se prépare à cette fameuse réaction. Pour Siegel, le processus s’apparente à un conditionnement pavlovien classique Dans la célèbre expérience d’Ivan Pavlov, les expérimentateurs ont fait sonner une cloche à chaque fois qu’un chien mangeait, afin qu’il associe ces deux situation. Après conditionnement, le chien a appris à saliver au simple son de la cloque, sans présence de nourriture. De la même façon, un esprit préparé à être ivre traduit cette conviction de façon physiologique et prépare le corps à l’ivresse.

Il y a quelques années, la boisson alcoolisée Four Loko, aussi connue sous l’appellation de « blackout en canette », avait soulevé des inquiétudes chez Siegel. Présentée comme une boisson énergisante, elle mêlait liqueur de malt et caféine, et a été pointée du doigt comme la cause de nombreuses hospitalisations. Pour Siegel, le véritable danger de Four Loko n’était pas le mélange d’alcool et de caféine, mais le fait de sortir l’alcool de son contexte habituel. En présentant l’alcool dans de grandes canettes colorées contenant du sucre, la marque assimilait l’alcool à un soda dans l’esprit du consommateur.

Une étude de 1997 l’a montrée, elle se trouve ici sous le titre « Les effets de la familiarité de la boisson sur la tolérance à l’alcool ». Les sujets ont reçu la même dose d’alcool, mais certain l’ont consommé sous forme de bière, tandis que d’autres l’ont bu sous une forme inhabituelle, mélangé avec une étrange mixture « blue peppermint » (« menthe poivrée bleue »). Le second groupe ne savait donc pas à quoi s’attendre. Résultat : ce second groupe s’est avéré bien plus ivre que le premier, au vu de ses piètres résultats aux tests cognitifs et moteurs qui s’ensuivirent.

Mais d’autres facteurs en apparence inoffensifs peuvent avoir un effet sur l’ivresse.

Si vous mélangez de l’alcool avec un soda, mieux vaut utiliser un soda sucré et non un light. Car la version « light » donne lieu à de plus fortes concentrations d’alcool dans le sang que le mélange entre un alcool et un soda classique (cet effet étrange reposerait sur un mécanisme digestif). Même la forme du verre que vous tenez peut affecter la vitesse à laquelle vous buvez, et donc votre niveau d’ébriété.

Des chercheurs de l’Université de Bristol ont découvert que le consommateur boit 60% moins vite si l’alcool est présenté dans un verre droit, par opposition aux cas où la boisson est contenue dans un verre courbé.

Mais ce n’est pas tout : l’environnement physique dans lequel la substance est consommée compte aussi. Une étude de 1990 – publiée dans le Journal of Studies on Alcohol – a montré que les personnes qui buvaient dans un bureau souffraient davantage de ses « effets délétères » (c’est-à-dire des troubles physiques et cognitifs de l’ébriété) que les personnes buvant dans un bar. La même étude a montré que la fréquence cardiaque – qui augmente avec l’intoxication – s’emballe moins lorsque les personnes boivent dans un contexte familier, et au contraire davantage lorsque l’alcool est consommé dans un contexte inattendu. Les chercheurs en ont conclu que l’anticipation de l’alcool enclenche une « réponse compensatoire », et le corps se prépare à contrecarrer les effets de l’intoxication. Encore du conditionnement classique.

Mais même une substance familière ingérée dans un contexte familier peut se révéler très enivrante… Du moins si vous êtes un serpent et que la substance en question est un opiacé. Car les serpents sous morphine ont une tolérance plus faible à la drogue lorsqu’il fait froid. Selon une autre étude, les serpents placés dans un champ magnétique sont plus rapidement intoxiqués.

Article sur Atlantico