Pourquoi le cerveau de certains adolescents serait prédisposé à la consommation d’alcool
L’IRM d’un cerveau d’adolescent où l’on voit en jaune, des rétrécissements de certaines zones du cerveau
C’est étonnant ! La diminution de volume de certaines zones cérébrales, notamment à l’avant et sur le côté du cerveau, correspond à une augmentation importante des fréquences d’alcoolisation. Et les filles seraient plus touchées que les garçons… Voici les conclusions de l’étude copilotée par le Dr Gabriel Robert, psychiatre au centre Guillaume Régnier de Rennes et publiée mercredi dans la revue américaine
Une étude sur 726 adolescents européens
Nous avons travaillé sur les images du cerveau de 726 adolescents européens prises à l’âge de 14 ans puis à 19 ans explique le médecin, qui a mené cette étude avec le Dr Qiang Luo, bio informaticien à l’université de Shanghaï et le professeur Gunter Schuman, responsable du projet européen Imagen piloté par le King’s college London de Londres. Ce projet porte sur l’étude plus large de 2000 adolescents suivis de leurs 14 ans jusqu’à leurs 23 ans.
« La diminution du volume du cerveau chez les jeunes de 14 à 19 ans est un phénomène physiologique normal », précise le psychiatre. La matière grise qui entoure les neurones diminue. C’est ce que l’on appelle l’élagage synaptique. Il permet d’affiner les faisceaux neuronaux et d’éliminer les structures neuronales obsolètes. En clair de rendre le cerveau plus performant.
Les filles plus concernées
Gabriel Robert et ses collègues ont donc étudié des milliers d’IRM des cerveaux de leurs 726 adolescents à 14 et 19 ans. Un travail qui leur a pris cinq ans. Et ils ont remarqué cette diminution plus marquée dans certaines zones du cerveau. Ensuite ils ont corrélé ces observations avec la consommation d’alcool. Nos études ont montré que les filles étaient plus concernées que les garçons.
À noter que cette diminution, en elle-même, n’a pas d’impact sur d’autres comportements. Chez les garçons, c’est un trait de personnalité, l’impulsivité, qui favoriserait les fortes alcoolisations.
Pas de diagnostic individuel possible
Le Dr Gabriel Robert reste très prudent. Aujourd’hui, on ne peut pas identifier à partir de l’IRM individuelle du cerveau d’une jeune fille ou d’un garçon, les risques d’évoluer vers une consommation d’alcool trop importante ou une maladie alcoolique. On prouve simplement que le développement cérébral pourrait contribuer à l’escalade de la consommation d’alcool. Reste à savoir comment.
Donc pas question de justifier votre consommation d’alcool en affirmant que c’est la faute de votre cerveau ! On ne parle là que d’une prédisposition. Pas d’une conséquence.